mercredi 15 décembre 2010

Le Café Littéraire de Raja Shehadeh

Si Nietzsche disait que les meilleures pensées viennent en marchant, celles de l'arpenteur Raja Shehadeh sont forcément brillantes. Le juriste et écrivain, Lauréat du prestigieux Prix Orwell en 2008, est venu présenter son dernier opus, "A Rift in Time, travels with my Ottoman Uncle", alors que "Naguère en Palestine" vient d'être publié en France chez Galaade.
Ce 15 décembre, devant un public très international, l'écrivain a parlé de son travail et lu quelques extraits de son récit. Dans ces deux ouvrages, la structure est assez commune : l'écrivain se remémore son histoire familiale, qui le conduit à effectuer une randonnée pour en retrouver quelques traces, promenade au cours de laquelle il constate l'aménagement qu'Israël fait subir au paysage à travers ses colonies, ses routes et ses check-points, ce qui le conduit à des constats tant politiques que juridiques. Cette brève explication ne donnant en rien les clefs de l'immense sensibilité et subtilité qui sous-tendent cette écriture et lui confèrent une rare poésie. Car outre l'engagement juridique et surtout politique dont fait preuve Raja Shehadeh, il est un grand, un immense écrivain.
Bien entendu, de randonnée en ballades à travers les collines de la Palestine, le constat est amer : le paysage, comme le droit, la dignité et l'identité même, sont en morceaux. Puis, devant un fossile de dinosaure, ou devant l'élan géographique unitaire de ce Rift qui va de la Turquie au Kenya et dessine la vallée du Jourdain, l'écrivain juriste et géographe se fait philosophe : ne soyons pas arrogants, restons modestes, notre temps historique de malheur est si bref face à l'éternité. Et qui oserait parier sur l'avenir quant il s'agit d'éternité ?

Photographie de Lucia Ahmad

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