lundi 1 juin 2009

Le portrait de Mahmoud Darwish par Ernest Pignon-Ernest






L’éminent plasticien français Ernest Pignon-Ernest a été reçu pour une résidence durant tout le mois de mai 2009 à la Fondation A.M. Qattan, sous l’invitation du Centre culturel français de Ramallah, lui permettant ainsi de réaliser son œuvre autour du poète et emblème de la Palestine Mahmoud Darwish, dont il a réalisé un saisissant portrait en pied.
Cette initiative n’est pas surprenante de la part de ce grand dessinateur, tant par son œuvre récurrente sur la poésie, avec ses travaux sur Rimbaud, bien sûr, mais aussi Jean Genet, Pier Paolo Pasolini, Pablo Neruda ou Roberts Desnos… que par l’engagement dont il a toujours fait preuve dès l’aube de son œuvre, et que l’on retrouve dans ses travaux sur la Commune, Soweto, le sida, l’apartheid, la solitude urbaine avec ses personnages dans les cabines téléphoniques… Enfin, adepte presque structuraliste de l’analyse du mythe, en Terre Sainte il a pu éprouver sa même démarche consacrée à Naples ou aux mystiques…
L’œuvre chez Ernest Pignon-Ernest n’étant pas le dessin en soi, mais ce dernier collé dans un contexte particulier où il fait sens selon le lieu, et donc dont la seule trace reste les photographies qu’il en fait, la contextualisation du portrait de Mahmoud Darwish était particulièrement importante : on aura ainsi vu Ernest Pignon-Ernest coller ce portrait certes à Ramallah, base de vie palestinienne du poète, tant au Centre culturel Khalil Sakakini où il avait un bureau, que sur les ruines d’une villa détruite par l’armée israélienne, au marché central, à la gare des autobus, sur le Place Manara, au camp d’El Amaari ou dans la vieille ville… A Naplouse, il a investi la ville ancienne, où Mahmoud Darwish partage désormais les murs avec les portraits des shahids. La population y a particulièrement bien accueilli l’artiste et applaudissait à chaque collage effectué. A Bethléem, le portrait a été accroché dans le camp d’Aïda et sur le mur qui ceint le tombeau de Rachel. A Abu Dis, d’éloquentes images ont été faites sur un immeuble détruit, comme sur le mur de séparation, dans des paysages particulièrement forts et lyriques. On croisera encore Mahmoud Darwish au check-point de Qalendia, en quittant les territoires, ainsi que dans le kibutz de Ahihud, près de Saint Jean d’Acre, construit sur les ruines du village de naissance du poète, Birwah, et dont le portrait git maintenant sur un rocher plat : rendre la dépouille du poète au lieu où il voulait être inhumé.
La générosité d’Ernest Pignon-Ernest, sa foi, son engagement viscéral, ont séduit toutes les personnes qui l’ont croisé, qui pendant tout un mois furent bien entendu des plus nombreuses. A la hauteur de sa réputation, il aura aussi pensé à la jeune poésie, déclarant qu’une culture qui donne naissance à un aussi grand poète que Mahmoud Darwish doit avoir d’autres grandes voix, et avec le Centre culturel français de Ramallah il travaille déjà à une rencontre à la Maison de la poésie de Paris et à une édition chez un grand éditeur français, d’une anthologie d’une dizaine de jeunes poètes palestiniens d’aujourd’hui….
Un seul mot pour tout ça : merci monsieur Ernest Pignon-Ernest…

Partenaire : Fondation A.M. Qattan

Images : Ernest Pignon-Ernest et Lucia Cristina Estrada Mota

1 commentaire:

  1. Je me réjouis de voir l'aboutissement d'un projet dont Ernest P. E m'avait déjà parlé il y a un an et je vais faire connaître le site aux amis. Voire le référencer sur mon site personnel annebrunswic.fr
    continuez !

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